Histoires des nombres : pratiques, acteurs, milieux

Date : Mercredi 8 & jeudi 9 décembre 2021

Lieu : Faculté des Lettres et Sciences Humaines, 20 rue Duquesne, 29200 Brest

Comité d’organisation : Jenny Boucard (Centre François Viète, Université de Nantes), Grégory Chambon (ANHIMA, EHESS & Centre François Viète, Université de Bretagne Occidentale) et Lisa Rougetet (Centre François Viète, Université de Bretagne Occidentale)

Argumentaire

Si plusieurs disciplines s’intéressent depuis longtemps aux nombres, les études sur le nombre connaissent un certain renouvellement depuis les années 1990. Dans le contexte de l’évolution générale de l’historiographie des mathématiques, plusieurs travaux ont notamment renouvelé l’histoire des domaines mathématiques où le concept de nombre est central en prenant en compte l’organisation matérielle de la production de savoirs mathématiques, une plus grande diversité d’acteurs, de supports, de lieux de savoirs. Des études se sont également centrées sur des pratiques mathématiques peu ou pas analysées jusqu’alors, en lien avec l’enseignement, les mathématiques professionnelles ou encore les usages politiques et administratifs des nombres. Quelques études anthropologiques sur la notion de nombre ont été proposées dans les années 1990 ; depuis une dizaine d’années, l’essor des approches ethnomathématiques ont suscité un intérêt nouveau sur l’usage et la représentation des nombres. Elles touchent particulièrement au domaine de la « numératie », sur le modèle de la « littératie », afin de désigner les connaissances et les compétences requises pour gérer les exigences relatives aux notions de calcul dans diverses situations, que ce soit en milieu scolaire, dans la sphère professionnelle ou dans la vie de tous les jours. Parallèlement, au début des années 2000, les progrès en neurologie ont aidé les psychologues cognitivistes à mieux comprendre les mécanismes cérébraux mobilisés lorsque l’on compte et à mettre en évidence la faculté humaine d’appréhension intuitive et immédiate de petites quantités, jusqu’à 4 (subitisation). Certains économistes réfléchissent également depuis peu aux différentes façons de produire et de manipuler les données chiffrées dans les milieux financiers. Influencés par l’histoire et l’anthropologie des sciences, ils cherchent à penser la quantification en même temps comme outil de preuve (qui intéresse le méthodologue, scientifique ou expert), et comme outil de coordination (ce qu’elle est pour les acteurs de la vie économique, et qui intéresse l’historien, le sociologue ou le politiste). Les sciences du langage, enfin, qui s’intéressent surtout depuis les années 1980 aux catégorisations grammaticales des nombres selon la morphologie et la typologie des langues, explorent d’autres problématiques sous l’impulsion de l’anthropologie linguistique, qui invite à étudier plus en profondeur le lien linguistique, traduisant souvent un lien conceptuel, entre le nombre et la chose comptée.

            L’objectif de ces journées est double : initier une synthèse sur les approches récentes concernant les recherches sur les nombres à partir de présentations synthétiques et proposer des études de cas historiques concrets où plusieurs usages et concepts de nombres sont articulés par les acteurs en jeu, allant de l’Antiquité au XXe siècle. Cela permettra notamment d’analyser comment les différentes approches identifiées influencent les recherches historiques sur les nombres. Cet événement est de plus l’occasion d’une exposition d’instruments scientifiques pour un usage particulier des nombres, à travers le calcul et la mesure, issus du Cabinet de Curiosités de l’IREM – géré par Frédérique Plantevin. Cette exposition est ouverte à toutes et tous et viendrait en appui de la journée d’étude avec une visite commentée sur les instruments présentés, leur histoire et leurs usages. 

Programme

Mercredi 8 décembre 2021

  • 9h30 : Introduction par le comité d’organisation
  • 10h : Grégory Chambon (EHESS & Centre François Viète), « Les innombrables grands nombres en Mésopotamie »
  • 11h : Eric Vandendriessche (SPHERE, Université Paris Diderot), « Les numérations concrètes des sociétés "primitives" : une approche historiographique »
  • 12h : Déjeuner
  • 14h : Jean-Marie Coquard (Centre Alexandre Koyré, EHESS), « « Le genre des nombres : une approche comparatiste »
  • 15h : Frédérique Plantevin (LMBA, Université de Bretagne Occidentale), « De la numération aux calculs mécanisés et retour »
  • 16h30 : visite commentée de l’exposition sur les instruments arithmétiques (organisée par Frédérique Plantevin et l'IREM de Brest)


Jeudi 9 décembre 2021

  • 9h : Jenny Boucard (Centre François Viète, Université de Nantes), « Des nombres pour le plaisir ? Quelques pratiques arithmétiques par les journaux (France, 1801-1928) »
  • 10h : Lisa Rougetet (Centre François Viète, Université de Bretagne Occidentale), « Entre théorie et pratique : les jeux combinatoires au coeur de la construction des nombres surréels »
  • 11h30-13h : Table ronde « conclusions et perspectives »
Mis à jour le 29 novembre 2021.
https://cfv.univ-nantes.fr/histoires-des-nombres-pratiques-acteurs-milieux