Les savoirs et leur transmission dans le cadre scolaire et universitaire de la première modernité (XVIe-XVIIe s.)

Responsable : Jean-Luc Le Cam

De la Renaissance au « changement de paradigme » du XVIIe siècle, la première modernité voit un bouleversement du contenu des connaissances et des méthodes transmises dans le cadre scolaire. Il repose sur un retour aux sources antiques mais aussi sur des innovations méthodologiques et une certaine capacité d’amalgame des observations récentes avec ce patrimoine ancien. Il importe d’en reconstituer la pratique réelle au-delà des normes et des manuels, ce qui revient également à faire l’archéologie du bagage intellectuel et de l’outillage mental des protagonistes de la « révolution scientifique ».

Ce programme peut accueillir toute recherche sur l’enseignement scolaire supérieur ou universitaire européen de cette période. Nous nous concentrons pour notre part sur l’aire culturelle de l’Allemagne luthérienne.

Après des travaux généraux sur l’enseignement des écoles latines, nous nous intéressons plus particulièrement aux sujets suivants, plus souvent centrés sur l’université :
  • Le statut d'Aristote. Après avoir été voué aux gémonies par Luther, Aristote a regagné une position centrale dans l’enseignement luthérien. Il est toujours pratiqué jusqu’à la fin du XVIIe siècle au prix d'une sélection des parties de son œuvre qui sont encore opératoires, ou comme cadre méta-disciplinaire et réservoir de principes généraux applicables à différents domaines et pratiques du savoir. Sur cette plasticité du néoaristotélisme, entre utilitarisme et universalité, nous avons commencé à travailler comparativement à travers l'exemple de deux enseignants de l’université de Helmstedt, le rhéteur Christoph Schrader (1601-1680) et le médecin et juriste Hermann Conring (1606-1681), et reconstitué l’enseignement du premier à partir de ses comptes rendus de cours :
    • Communication : « Résistance et plasticité de l'aristotélisme dans l'enseignement universitaire allemand au XVIIe siècle : l'exemple de l'université d'Helmstedt », Aristote dans l'Europe des XVIe et XVIIe siècles : transmissions et ruptures, colloque international Nancy, 7 novembre 2015. (la publication se fera dans un cadre plus large)
    • « Vorlesungszettel und akademische Programme. Zur Rekonstruktion des akademischen Betriebs und Lebens jenseits der Lektionskataloge: das Beispiel des Helmstedter Rhetorikprofessors Christoph Schrader (Professur 1635-1680) » in: Jan-Hendryk de Boer, Marian Füssel, Jana Madlen Schütte (dir.), Zwischen Konflikt und Kooperation, Praktiken der europäischen Gelehrtenkultur (12.-17. Jahrhundert), Berlin, Duncker& Humblot, 2016, p. 89-137.
  • La conception et l’enseignement des disciplines géographiques et astronomiques au XVIIe siècle, l’émergence de la carte comme moyen d’enseignement, la confrontation ou la fusion des descriptions et théories antiques (Ptolémée) avec les découvertes modernes. Le tout principalement à partir du témoignage des pratiques d’enseignement.
    • Communication : « Pratiques de la géographie dans l’enseignement scolaire et universitaire allemand au XVIIe siècle : l’exemple de l’université de Helmstedt et des écoles du Brunswick », Penser le savoir géographique aux époques moderne et contemporaine (XVe-XIXe siècle) 6 novembre 2015, université de Lyon II, organisée par Etienne Bourdon et à Axelle Chassagnette.
  • L’évolution des pratiques d’érudition, de conservation et de transmission du savoir contemporaines de cette mutation de la science : en particulier la pratique des compilations et cahiers d’extraits, l’enseignement systématique de leur constitution ; la naissance d’une nouvelle discipline d’enseignement : l’historia litteraria, entre histoire de la littérature et revue bibliographique des productions savantes à finalité propédeutique pour les étudiants et plus généralement toute la littérature de conseil sur les études, la lecture, la prise de notes, la classification.
    • Communication : « L’enseignement de la prise de notes à l’université de Helmstedt au XVIIe siècle : contexte et développement de nouvelles techniques savantes dans le monde protestant allemand », 143e congrès du CTHS, La transmission des savoirs, Paris, Inalco, 23-26 avril 2018.
    • Séminaire : « Le développement des techniques de prise de notes et de constitution de cahiers d'extraits à l'époque moderne, entre pratiques savantes et enseignement universitaire : l'exemple allemand». Séminaire du Centre François Viète La diversité des pratiques scientifiques en histoire des sciences et des techniques, humanités numériques et médiation culturelle, Brest, 28 février 2019.
  • La question du rapport des savoirs aux langues anciennes ou vernaculaires, de l’oralité par rapport à l’écrit, du rapport au livre et au manuel. Autour de ces questions, j’ai organisé à Quimper en lien avec l’Association d’histoire de l’éducation ATHRE un colloque international
    • L'école et les langues dans les espaces en situation de partage linguistique à travers l’histoire, Quimper – Pôle universitaire Pierre Jakez Hélias – 19-21 mai 2016, publication en cours PUR fin 2020, comprenant mon introduction et une publication sur « L’évolution du rapport aux langues anciennes et modernes dans les écoles de l’Allemagne luthérienne du XVIe au XVIIe siècle ».
    • « Récitations, cris et chuchotements : les différentes expressions orales des élèves dans l’Allemagne luthérienne du XVIIe siècle », in Christine Benevent, Emmanuel Chapron, C. Boulaire (eds)., Paroles d’élèves dans l’Europe moderne LIXe colloque international d’études humanistes, CESR de Tours, 4-7 juillet 2016, parution chez Brepols, juin 2020.
  • Sur le livre, un travail plus ancien est en cours de réécriture et traduction pour parution dans un numéro spécial sur l’histoire de l’enseignement de la religion
    • « Lektüre und Aneignung des religiösen Buches im Rahmen der Schule im 17. Jahrhundert: das Beispiel des lutherischen Braunschweigs » in Dominik Burkard (dir), Katechismen, n° spécial de Rottenburger Jahrbuch für Kirchengeschichte (RJKG), 39, 2020.
  • Et plus généralement sur le cadre intellectuel général et les fondements de cette évolution :
    • « La Renaissance tardive en Allemagne du Nord : l’exemple du duché de Brunswick-Wolfenbüttel sous les règnes de Julius et Heinrich-Julius (1568-1613) », In : La Renaissance en Europe dans sa diversité, tome 3, sous la dir. De Lioudmila Chvedova, Michel Deshaies, Stanislaw Fiszer et Marie-Sol Ortola, Circulation des hommes, des idées et des biens, héritages, Nancy, Groupe XVIe et XVIIe siècles en Europe, Université de Lorraine, 2015 (« Europe XVI-XVII », n° 22,), p. 199-221.
    • « La réforme des enseignements à l’université de Wittenberg (1508-1536) : une relecture », in Simona Negruzzo (dir.), 1517. Le università e la Riforma – Bologna, Il Mulino, 2018, p. 57-119.
    • Chapitre 5. « Learners and learning » et Chapitre 6. « Teachers and teaching » dans Gary McCulloch (dir.), A Cultural History of Education, vol. 3. Jeroen Dekker (dir.) A Cultural History of Education in the Renaissance (1450 - 1650), London, Oxford etc, Bloomsbury, 2020.

 
Mis à jour le 18 juin 2020.
https://cfv.univ-nantes.fr/les-savoirs-et-leur-transmission-dans-le-cadre-scolaire-et-universitaire-de-la-premiere-modernite-xvie-xviie-s